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AIKIDO GENEVA TAKEMUSU DOJO |
AccueilAïkidoMaîtres![]() Takemusu Aïkido Motomichi Anno Sensei |
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2021 no MisogiAu Japon, la
région de Kumano est le berceau de l’Aïkido. Dans ces montagnes
reculées du Japon, les magnifiques temples, les sanctuaires ainsi que
les pratiques spirituelles qui y sont célébrées ont été classés au
Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. L’Aïkido, tel
qu’enseigné par son Fondateur, maître Morihei Ueshiba, est fortement
empreint de cette tradition et de ses connaissances secrètes. C’est
ainsi que, traditionnellement, les Dojos qui ont encore su conserver ce
savoir, pratiquent le Misogi lors de l’entrée dans la nouvelle année.
Le Misogi est une purification profonde. Il s’agit de se purifier pour entrer dans la nouvelle année avec une énergie, une pensée, un état émotionnel, un esprit neuf, de se débarrasser de toutes les énergies et pensées lourdes du passé pour aborder le présent dans un nouvel état de fraicheur, d’ouverture et de joie, de se reconnecter pleinement au ciel et à la terre, c’est-à-dire, à notre nature profonde. Il s’agit d’une remise à zéro, d’une réinitialisation profonde. Cette pratique a lieu en plein air en étant partiellement immergé dans l’eau d’une rivière, d’un lac ou d’un océan, et ce par n’importe quelle température. Afin de respecter les mesures sanitaires en vigueur, nous nous sommes répartis en trois groupes distants les uns des autres. L’un s’est retrouvé au bord du lac avec une forte Bise (vent polaire) par une température de l’aire de -1°C et une température de l’eau de 6°C. Les deux autres groupes ont pratiqués dans l’Arve avec une température de l’eau de 2°C. Voici le récit d'une Aïkidoka : Ce matin, enveloppés par la grande Nature, au milieu des arbres, des pierres et du vent d’hiver, l’Arve nous a généreusement accueilli pour le Misogi, rituel japonais de début d’année. Placés entre Terre et Ciel, avant que nos pieds nus ne soient invités par l’eau purificatoire, encouragés par des Ki Aï , quelques coupes de Bokken, sabre japonais, ont été effectuées en guise d’échauffement. Puis, mus par nos énergies entretissées par celle du lieu, le rite s’est dessiné selon la tradition. Une poignée de mots autour d’un thé chaud viennent clore l’instant magique ! Nadia
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Mon cheminComment je suis arrivé à l'Aïkido ?Je suis arrivé tardivement à l'Aïkido, à l'âge de trente ans. J'étais à la fois attiré par la grâce des mouvements de la danse et l'aspect mystérieux des arts martiaux. L'Aïkido regroupe ces deux aspects. Un jour, un ami m'annonça qu'il allait débuter l'Aïkido. Je lui emboitai le pas.Ce que l'Aïkido m'a apporté ?Un univers insoupçonné, de vastes nouvelles plaines. La confiance. Une tranquilité et une paix intérieure difficilement ébranlables.Une profonde connexion à moi-même, à la vie, à autrui. Peu à peu, j'ai appris à voir au-delà des apparences, à ressentir profondément la nature, mon entourage et moi-même. Une certaine clairvoyance. En me détachant progressivement de mes conditionnements, de mon mental, de mon égo, j'ai eu davantage accès à l'intuition, à ce lien direct entre la vie et soi. Mes pensées, mes paroles et mes actes sont ainsi devenus plus libres et plus justes. Pour quelle raison je continue de pratiquer ?Je souhaite conserver et entretenir cet exceptionnel état de clairvoyance, de vigilence et de disponibilité à ce qui se manifeste à tout instant. Je ne souhaite pas un retour à un état de semi somnolence. Alors, je m'entraîne quotidiennement pour entretenir cette clarté, tout comme je me brosse les dents pour les garder propres.Jean-Pierre Kunzi
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Dojo, un refuge où je vais me ressourcerDe toutes
les pratiques du Takemusu Dojo, c’est celle du matin que je préfère.
Dès l’aube et en suivant le cycle des saisons, il m’est offert un
moment privilégié où je peux, à travers le mouvement, visiter mon
intériorité. Comme dans une longue méditation, je pars à la
rencontre de moi-même et l’occasion d’unifier et d’habiter mon corps,
mon âme, se présente. L’odeur, l’intensité de la lumière et des
sons qu’offre la grande Nautre m’invitent à suivre une vague que
propose la vie : mon intérieur fait un avec l’énergie du moment ;
ainsi m’extrais-je du présent afin de m’y fondre complètement... Une
visite truffée de paradoxes, un voyage extraordinaire où il m’est
permis de me ressourcer, de me réfugier : un privilège avant
d’interagir avec l’extérieur jusqu’au crépuscule.
Nadia Ricou ![]() |
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L'Aïkido malgré le confinementCette
période bien particulière n’a pas rendu toute pratique impossible, bien
au contraire. Habituellement, en cas d’impossibilité de s’entraîner
physiquement, les aïkidokas sont invités à assister aux pratiques et à
faire kengaku suru, l’apprentissage par l’observation. C’est à une
pratique similaire que l’instructeur du Takemusu Dojo, Jean-Pierre
Kunzi Sensei, a régulièrement invité les pratiquants en leur envoyant
des liens vers des vidéos riches et inspirantes. S’appliquer à les
regarder en se tenant droit, immobile et en restant totalement
concentré fut un réel entraînement à part entière pour les membres du
Dojo.Le confinement a également permis au Takemusu Dojo de renforcer
ses liens avec plusieurs dojos des États-Unis et d’ailleurs. En effet,
il est de coutume de commémorer le décès du fondateur tous les 26
avril. Cette année, Linda Holiday Sensei de Santa Cruz en Californie,
7e Dan Aikikai, a organisé une grande cérémonie par vidéoconférence et
a notamment invité les pratiquants du Takemusu Dojo à y participer.
Quelque 200 pratiquants du monde entier furent présents et ce fut
l’occasion de partages riches et joyeux. Morihei Ueshiba, le fondateur
de l’aïkido, avait à c½ur de créer une grande famille : qui aurait
imaginé que cela s’incarnerait tout particulièrement maintenant ?
Isaïe
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Le bruit du ventLe ciel est un miroir noirci, sombre et profond.Tous les rêves s’évanouissent les lundis de pratique, Quand cette tête aveugle, inconsciente et meurtrie s’élance lourdement dans la gueule du loup. Les muscles sont tendus et le regard est lent, La volonté s’éveille dans une révolte égale à l’attaque qui surgit. Quand après le salut, les guerriers se font face, Ils reprennent soudain leurs esprits d’enfants sages, Repentant leurs pensées, leurs coups et leurs outrages, Ils laissent partir au vent le poids de leurs pensées. C’est au prix de l’effort que l’on se débarrasse de toutes ces idées : elles arrivent puis elles passent. Le bruit du vent me ramène sur terre, Il est temps, c’est fini, le cours est terminé. Laurence
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Rires d'enfantsLes lundis de pratique sont comme le ciel noir,Sombres et profonds, infinis et constants. Heureusement s’ensuit, en l’espace d’un instant, Le mardi des ados et les rires des enfants. Laurence
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A celui qui est prêt« A celui qui est prêt à
faire l’effort de me suivre, je suis prêt à tout donner ! »
disait Michio Hikistuchi Sensei, 10e dan Aïkikaï Tokyo.
Hikitsuchi Sensei a été l’élève de Morihei Ueshiba O Sensei durant les quarante dernières années de la vie de ce dernier. Il l’a accompagné dans de nombreux voyages, démonstrations dans les temples, longues et intenses pratiques de purification dans les montagnes de Kumano et au bord de l’Océan. Il affirmait qu’il était le seul à avoir reçu l’enseignement spirituel de O Sensei. Par cela, il est devenu un immense puit de richesses, de savoirs-être, de connaissances du fonctionnement profond de la vie et des articulations subtiles entre tous les éléments constitutifs de la grande nature. Qu’entendait Hikitsuchi Sensei lorsqu’il disait : « A celui qui est prêt à faire l’effort de me suivre, je suis prêt à tout donner ! » ? Que signifie être prêt à me suivre ? Que signifie « tout donner » ? Tout comme le jardinier ne peut rien planter ni semer dans une terre sèche et aride, le Sensei ne peut rien apporter à un être aride et fermé. Il s’en détourne simplement et va son chemin. Lorsque la terre est humide, meuble, alors elle peut être travaillée et ensemencée. Il en va de même du pratiquant, de l’élève. Suivre le Sensei n’est pas se limiter à écouter ses explications et ses corrections durant une pratique. C’est se mettre dans un état de totale ouverture pour permettre l’ensemencement. Permettre à tout son être d’être nourri, imbibé, imprégné. Pas uniquement sur les plan cognitif et psychomoteur, mais également dans sa conscience, dans sa faculté à voir, à ressentir, à être en relation à tout ce qui l’entoure, dans son c½ur et dans son âme. Seul un état de totales vacuité, d’ouverture et d’éveil permet cet enrichissement. Toute forme de résistances est comme la pierre dans la terre fertile : inerte et stérile. Faire l’effort de suivre le Sensei, c’est se dépasser, aller dans l’inconnu, dans l’inconfort souvent, se faire violence parfois, sortir des ornières de ses habitudes et de ses certitudes, inlassablement, encore et encore, durant les pratiques ainsi que durant tout l’intervalle de temps qui sépare une pratique de la suivante. C’est garder dans son c½ur et dans son esprit une juste tension, un lien permanent avec le Sensei, une ouverture ainsi qu’une disponibilité de chaque instant. Par exemple, c’est dire oui à toutes les occasions qui sont offertes de rencontrer ou d’accompagner le Sensei, dussions-nous renoncer à des activités ou à des engagements déjà prévus. C’est aussi rester connecté en permanence à son Sensei, avec le c½ur et l’esprit, pour ressentir l’état dans lequel se trouve le Sensei, la direction qu’il prend et les actions qu’il va entreprendre. C’est encore anticiper les besoins du Sensei et se rendre utile, se mettre à son service avant même qu’il n’en ait formulé la demande et ce, même lorsqu’on en est éloigné, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. C’est un entraînement du c½ur et de l’esprit, un état d’esprit à adopter. La tâche est importante, considérable même. Elle semble impossible à réaliser, inatteignable. L’effort de suivre le Sensei semble beaucoup trop important. C’est bien la raison pour laquelle de si nombreuses personnes n’ont pas su suivre, comprendre ni intégrer l’enseignement magistral de Hikitsuchi Sensei. A celui, toutefois, qui était prêt à faire cet effort pour suivre Sensei, ce dernier était prêt à tout donner. Lorsqu’il sentait chez son élève cette soif, cette disponibilité, cette ouverture d’esprit, cette sincérité et cette détermination, alors il consacrait beaucoup de temps et d’énergie à partager son expérience, à déverser dans le c½ur et l’esprit de son élève le nectar qu’il avait lui-même reçu de O Sensei, avec joie. L’exigence était élevée, proportionnelle à sa bienveillance. Le canal de cette transmission était toujours I Shin Den Shin, de c½ur à c½ur ou encore d’esprit à esprit. Sa nature pouvait prendre toutes les formes imaginables et inattendues. Quant à sa forme, elle pouvait s’adresser tout à la fois à l’intellect, au corps, à l’esprit, au c½ur ou à l’âme. C’est ainsi que Hikitsuchi Sensei donnait tout : tout ce qu’il avait reçu de O Sensei, tout ce que ce dernier avait réalisé et était devenu. Il avait intégré l’enseignement et l’avait incarné. C’est ainsi, aussi, que l’enseignement profond de O Sensei continue de se transmettre de celui qui a fait l’effort de suivre son Sensei à celui qui est prêt à faire l’effort de le suivre, celui qui est réellement prêt à recevoir. Puisse cet enseignement traverser les âges et continuer d’ensemencer le coeurs des hommes ! Jean-Pierre Kunzi
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Les tensionsLes tensions, on essaie de s’en défaire, on s’efforce de se détendre, on se dit qu’on devrait pourtant être plus souple.L’aïkido nous fait rencontrer ces tensions de près, nous met dans le plus grand inconfort, parfois même de manière insoutenable. L’Aïkido nous fait, en réalité, nous rencontrer nous-même, au plus près de ce qu’on n’a jamais vécu. Le Uke est là pour nous faire nous rencontrer. C’est un face à face avec soi-même sans prétention et sans fausse modestie. Une rencontre parfois difficile et loin de nos illusions. Dans ce face à face, l’ego dévoilé se dérobe à notre vigilance et s’enrobe d’un autre apparat pour reprendre son impérialisme sur notre réalité. L’ego dévoilé nous révèle nos tensions. Aussitôt pourtant, notre égo reprend le dessus par ses injonctions : « Relâche tes tensions ! Améliore-toi et sois performant ! Détends-toi ! ». La détente ne passera pas par ce petit ego, ni par l’attente, ni par l’exigence. Le corps est le lieu de l’expression de l’inadmissible en nous, de l’émotion insoutenable, du trop grand inconfort qui nous habite qui s’exprime en tension. De la même manière qu’en disant « Ne pense pas à manger ! », immédiatement notre esprit y pense, l’ego nous donne l’injonction de se détendre. Par ce simple fait, nous nous abandonnons nous-même. Les tensions sont tel un dragon blessé qui ne se laissera pas dompter par l’impatience, la dureté, le jugement ni ne bougera car nous le pensons dans notre chemin. Il s’agit de l’apprivoiser avec la plus grande bienveillance et compréhension pour qu’il nous révèle tel un enfant délaissé sa plus intime vulnérabilité. Soyons pour nous même le meilleur des amis, le meilleur des soutiens pour accueillir nos fragilités et les panser. Le réel relâchement des tensions, nous donne accès à notre si belle vulnérabilité qui n’est rien d’autre que notre capacité à ressentir et à vivre plus pleinement. Soyons prêt à voir le pire en nous-même pour rencontrer le meilleur. Osons ressentir plus pour vivre plus intensément. Lâchons nos tensions pour sortir de l’émotion suscitée par l’autre et éprouver le sentiment de l’autre. Lâchons ce petit ego pour accéder à l’Universel. Caroline Collin
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La juste directionMichio Hikitsuchi Sensei, 10e dan
disait : « La voie de l’Aïkido est étroite comme le tranchant de la
lame du sabre. Si vous vous écartez d’elle, ne serait-ce que de
l’épaisseur d’un cheveu, vous êtes complètement à côté.»
Certains pratiquants s’appliquent à accumuler des connaissances : ils s’efforcent d’apprendre les noms des wasas, les termes japonais usuellement employés, ils lisent des livres sur l’Aïkido, ils inscrivent dans un carnet minutieusement chacune leurs pratiques. Leur sentiment de maîtrise et de progression augmente avec l’assimilation des connaissances. La somme des connaissances intellectuelles et de la maîtrise technique devient alors une épaisse et solide carapace qui empêche le mouvement du cheminement en soi. Ces pratiquants avancent à reculons. Ils suivent le rassurant chemin de l’illusion. Cheminer, en Aïkido, signifie se mettre en mouvement, se perdre, se détacher, perdre la maîtrise, le contrôle, se confronter à soi, à ses manques, à ses faiblesses, à ses ressources inestimées aussi. C’est être pétri jusque dans son âme, c’est se laisser être imprégné par le souffle de l’Aïki. C’est, comme l’explique Taisen Deshimaru dans le Zen, mourir à soi-même pour renaître pleinement. C’est traverser le miroir, sortir de l’illusion. Ainsi et uniquement ainsi opère la voie profonde. Ceci est Takemusu Aïkido. Quelle prise de risques ! Quelle inconscience ou quel courage ! Jean-Pierre Kunzi
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EgarementSur le Dô, chemin unique,
singulier, du pratiquant, les cadeaux sont ses découvertes, la joie
provient de sa progression, le bonheur vient de ses compréhensions et
l’harmonie découle de sa transformation.
La pratique, c’est avancer sur son propre chemin. Le Sensei aide à le trouver. Il oriente. Parfois avec sévérité, parfois avec douceur, toujours intransigeant et juste. Toutefois, certains pratiquants s’égarent. Ils attendent des faveurs de la part du Sensei en échange de leurs nombreux services rendus. Ils cherchent à plaire pour obtenir de la reconnaissance. Parfois, ils persévèrent durant des années. Leur quête est vaine. Ils cherchent en dehors ce qu’ils pourraient trouver en eux. Ils sont comme l’enfant avec le père. Puis arrive un ou plusieurs événements où ces pratiquants estiment ne pas recevoir la considération attendue et due de leur Sensei. Ils pensent ne pas avoir été récompensés pour leurs efforts, pour leur dévouement. Alors, mus par un fort sentiment d’injustice, ils quittent le Sensei, amères. Quel malheureux égarement ! Jean-Pierre Kunzi
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Stage de FinhautAoût 2019Après un passage de col et une
route à flanc de montagne, la vallée se trouve dans le brouillard comme
pour préserver le mystère vers lequel nous nous rendons. Le clocher du
village retentit tel un appel à nos âmes vers l’enseignement qui nous
attend.
L’atmosphère est à la joie, le groupe est soudé, l’organisation se déploie et se synchronise, la vie nous déroule le tapis rouge pour nous accueillir en son sein. La réjouissance du stage est partagée par tout un chacun, pourtant il persiste de l’appréhension chez les plus téméraires s’engageant dans cette retraite. Tous, secrètement, rêvons d’un accomplissement, venons chercher une joie de vivre mais nul n’est dupe. La lumière en nous ne sera que plus éclatante au prix d’une rencontre avec notre obscurité. Il aurait pu échapper, à celui qui manque de vigilance de constater, la peine des pratiquants à se jeter à l’eau dans les premiers jours. Des pratiques avec une touche de frivolité, une légèreté sans densité, une énergie dissipée dans des échanges de cordialités agréables. La semaine aurait pu se dérouler sous ces auspices s’il n’y avait eu la voix du Sensei qui sonna comme la cloche bouddhiste qui appelle les moines à la prière et qui marque le temps. Le son du gong nous rappelle à notre vibration intérieure. C’est avec cette sincérité et cet engagement là que le stage a pu se poursuivre. Les pratiques ont repris avec densité et créativité. Le meilleur des uns enrichissants le mieux des autres. Les moments de partages, rythmés par la musique des étoiles, les torrents des vallées et les cimes des montagnes, étaient d’une simplicité riche et authentiques. Les tempêtes traversées, les rires et les pleurs, ont révélés l’éclat dans les regards. Un mouvement, qui s’inscrit dans celui de l’univers, s’est initié au c½ur de chacun. Petit à petit le lieu s’est chargé, comme un havre de paix rempli de vitalité. C’est enrichis dans nos c½urs et marqués dans nos esprits d’un enseignement d’amour que nous repassons le col et la route à flanc de montagne. L’esprit clair, nous redescendons dans la vallée, sous un vaste ciel dégagé. Caroline Collin
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Stage avec Juerg Steiner SenseiMai 2019Ce premier week-end du mois de
mai a débuté par un magnifique stage donné par Juerg Steiner Sensei,
6ème dan Aïkikai Tokyo. Il a eu la générosité de venir partager, avec
la dizaine de participants de l’AïkidoTakemusu Dojo, ses nombreuses
années de pratiques d’Aikido ainsi que sa riche connaissance du Japon.
Jürg Steiner Sensei a pratiqué l’aïkido durant 12 années au Japon sous la direction de Michio Hikitsuchi Sensei. Il est l’un des rares étrangers à être resté aussi longtemps auprès d’un maître d’une telle expérience. Actuellement établi à Bienne, où il a fondé l’Aïkido Centre Kumano à Bienne, il dirige régulièrement des stages en Europe, en Australie ou encore aux États-Unis. Récemment revenu d’un mois passé au Japon, encore habité des expériences vécues, il nous rappelle qu’un art martial est aussi la faculté de cultiver et partager le beau qui nous habite et nous entoure. La fraîcheur de la bise du week-end accompagne la fluidité grandissante des mouvements des pratiquants. La richesse des enseignements reçus a permis à tout les pratiquants d’élargir encore l’infini champ de découverte que peut nous offrir l’Aïkido et redonne ainsi encore un nouvel élan à nos pratiques quotidiennes. Caroline Collin
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Serait-ce une première fois ?Et
subitement réaliser qu'on a pris avec l'air bien plus que de l'air, en
soi. Des feuilles qui froufroutent au dehors et leur odeur ronde de
tabac humide. Le vent frais, léger, à peine une brise. La profondeur
noire du ciel bien au-delà des nuages grisés. Et les étoiles, les
étoiles.
Debout, les pieds fichés dans le sol, sentir son souffle avec une surprise renouvelée. Ainsi c'est cela respirer ! Je ne sais quoi de la fraîcheur du monde s'incorpore ; quelques fragments de banalité tiède se détachent avant de se dissiper. Ici rien à vouloir. Dedans dehors, sans intention, dehors dedans. Tout flue et reflue, tout. Incessamment ce tout change pour la première fois. Adrien Jacot-Des-Combes
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Stage de MacolinMai 2018Lors du weekend de la Pentecôte,
une vingtaine de pratiquants du Takemusu Dojo se sont rendus à Macolin
pour participer durant trois jours à un stage international. Nous avons
en effet eu la chance de pouvoir pratiquer sous la direction de
Danielle Sensei venue de Californie et de Rein Sensei venu d’Estonie.
Jean-Pierre Sensei et Jürg Sensei ont également enseigné.
Ce stage a été placé sous le signe de kansha no kokoro, le coeur de gratitude. Danielle Sensei nous a rappelé dès l’ouverture du stage que cela commençait par une posture physique ouverte et les efforts des pratiquants furent remarquables : qu’il est difficile de ressentir de la gratitude lorsqu’on est fatigué et que notre partenaire ne fait pas ce que l’on veut ! Pratique après pratique, partenaire après partenaire, nous nous sommes ainsi plongés dans cette étude, soutenus par les fréquents rappels des Senseis. Les trois pratiquants les plus avancés du cours des enfants ont également participé au stage. Leur pratique forte et généreuse manifestait bien que l’aïkido n’est pas une question de taille ou d’âge et leur énergie pétillante nous a rappelé plus d’une fois de redonner de la place aux sourires et à l’enthousiasme malgré la fatigue. Quelle joie que toutes ces générations puissent travailler ensemble et apprendre les unes des autres ! Un tel stage est également une grande expérience de groupe. La plupart des moments entre les pratiques furent en effet passés ensemble et cela donna lieu à de beaux échanges, à la découverte de nouvelles facettes de toutes ces personnes que nous côtoyons sur les tatamis. Peu à peu, le groupe commença ainsi à fonctionner de plus en plus harmonieusement, comme s’il prenait vie et qu’il commencait à respirer en rythme. Finalement, Jean-Pierre Sensei a rappelé que le Fondateur de l’Aïkido souhaitait que tous les hommes de la terre vivent ensemble en paix. Le temps d’un stage et à notre échelle, chacun a pu constater que ce souhait commençait à s’incarner ; les sourires des pratiquants lors de la dernière matinée en étaient un signe évident. C’est ainsi avec beaucoup de gratitude pour les enseignements et pour le chemin parcouru ensemble que nous nous sommes quittés lundi en début d’après-midi. ![]() |
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Stage des 21 et 22 avril 2018Juerg Steiner Sensei, 6 dan Aïkikaï TokyoLe weekend
du 21-22 avril, une quinzaine de pratiquants du Geneva Aikido Takemusu
Dojo ont eu la chance de recevoir Jürg Steiner Sensei pour près de 8
heures de stage réparties sur les deux jours.
Jürg Steiner Sensei a pratiqué l’aïkido durant 12 ans au Japon sous la direction de Michio Hikitsuchi Sensei. Sixième dan Aïkikai Tokyo, il est l’un des rares étrangers à être resté aussi longtemps auprès d’un maître d’une telle expérience. De retour en Suisse, il a fondé l’Aïkido Centre Kumano à Bienne et dirige régulièrement des stages en Europe, en Australie ou encore aux États-Unis. Jürg Steiner Sensei venait de revenir d’un séjour d’un mois au Japon peu avant le début du stage. Il a ainsi apporté la magnifique énergie des montagnes de la région de Kumano et les pratiquants ont pu profiter de la fraîcheur et de la profondeur de son enseignement. Un grand accent a été mis sur la précision des gestes et des placements ; le Sensei rappelait cependant souvent qu’il ne fallait pas se refermer sur soi-même et se concentrer uniquement sur la technique, mais qu’il fallait aussi voir la beauté de la nature et des personnes qui nous entourent. Le temps presque estival et les fleurs sur les arbres étaient particulièrement propices à cet exercice. Clairement, l’impression que le Japon était venu à nous l’espace d’un weekend régnait parmi les pratiquants. Les nombreuses heures de pratique et le pique-nique canadien du samedi ont également été de magnifiques occasions de resserrer les liens entre les pratiquants. C’est ainsi avec beaucoup de joie et d’impatience pour les pratiques à venir que le stage s’est clôt dimanche à midi. |
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Stage des 24 et 25 mars 2018
Le weekend du 24 et 25 mars, une quinzaine de pratiquants de l’Aïkido
Takemusu Dojo ont partagé près de 8h de pratique sous la direction de
Jean-Pierre Kunzi.
Le samedi matin, un visiteur curieux aurait pu croire que la pratique allait commencer à 10h comme l’indiquait l’affiche. Cela faisait cependant plusieurs heures que le dojo s’éveillait peu à peu dès l’ouverture des portes et des fenêtres, au rythme des nettoyages silencieux et joyeux des premiers pratiquants. Au moment d’ouvrir le stage, le dojo est étincelant et l’air frais qui l’a rempli rappelle le printemps savoureux du Japon. Les aïkidokas et le dojo sont ainsi prêts à se plonger dans le misogi, la profonde purification qui va caractériser ces deux jours. Les innombrables chutes et les grands mouvements ronds nous polissent en effet ; le sensei nous le rappelle à plusieurs reprises en prenant l’exemple du galet qui perd peu à peu ses aspérités au gré des vagues et du contact avec les autres cailloux. Au fil des techniques, les tensions se relâchent, les sourires apparaissent et il n’est pas rare d’entendre un rire léger au milieu de cette pratique autrement silencieuse. Le sensei nous invite également à accueillir toute attaque avec joie et bienveillance. Malgré la grande difficulté de mettre cela en pratique, tous les aïkidokas font de leur mieux et, peu à peu, une magnifique harmonie s’établit dans le groupe. Lors des dernières pratiques, un aïkidoka se trouve au centre d’un grand cercle et les autres l’attaquent à tour de rôle : il semble tout à coup n’y avoir plus qu’un seul grand mouvement vers et depuis le centre, comme les vagues de l’océan qui affluent et refluent sur la plage. À la fin, les pratiquants sont rincés : les progrès vers plus de détente et de bienveillance se sont faits au prix de beaucoup de sueur laissée sur les tatamis ; mais, comme le rappelle souvent le sensei, c’est lorsque nous n’avons plus la force de lutter que nous pouvons nous ouvrir à autre chose et que la joie apparaît. Le stage s’est ainsi clôt avec une joie pétillante et beaucoup de reconnaissance pour tout le chemin parcouru. Vivement le prochain stage ! ![]() |
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Misogi 2014Janvier 2014. Les tempêtes
se succèdent. Hier, le ciel était sombre et bas. Une
pluie diluvienne et incessante a rincé la ville, inondé
les routes et les champs.
Ce matin, le ciel est dégagé, clair. L’air est pur et froid. La lumière du soleil traverse cet air cristallin et illumine les flancs nouvellement blanchis du Jura, sur l’autre rive du lac. La nature a procédé à son grand nettoyage. Après la nuit fraîche, les cygnes se mettent en mouvement et s’envolent pour se poser dans l’eau, un peu plus loin. Là, ils s’ébrouent, se secouent, font de brefs envols : une joyeuse danse offerte à cette claire matinée. A notre tour, nous entrons dans la danse. Vêtus de nos gi, nous formons un grand cercle. Ensemble, nos bokken fendent l’air. Le sabre à double tranchant s’exécute, tranchant simultanément le ciel et notre égo, accompagné de nos vigoureux kiaï. L’esprit est rassemblé. Le centre est fort. Malgré notre tenue légère, la chaleur commence à nous envelopper. Les coupes s’enchaînent avec une vigueur grandissante. Puis le moment est venu de poser nos vestes et d’entrer dans l’eau. Shin Kokyu, le souffle des Kami. Comme un seul homme, nous accomplissons ce rituel ancestral que nous a transmis O Sensei, réunis dans un même souffle, unis au ciel, à l’eau et à la terre. Dans les jambes, les crampes répondent au froid. Intense, profonde et lumineuse est la pratique : enivrante sensation d’appartenir à cette belle nature, à ce lumineux froid hivernal. Et déjà le moment du salut arrive. Les pieds engourdis et le sourire aux lèvres, chacune et chacun se rhabille chaudement. Le thé fumant est partagé dans une joyeuse et chaleureuse ambiance. Conscients d’avoir vécu un moment unique, précieux, d’être entrés dans la danse ronde et magnifique de la grande nature et de nous être purifiés avec elle, nous entrons de plein pied dans la Nouvelle Année. Ganbatte o kudasai ! Jean-Pierre Kunzi
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Mai 2012
Un maître japonais à GenèveIl s’appelle Kuribayashi
Sensei. Il est petit et se tient tout droit. Ses pieds nus et larges
sont solidement ancrés sur les tatamis. Son visage rond est
toujours souriant. C’est la première fois qu’il
vient transmettre son enseignement à Genève. Il a
commencé à pratiquer l’Aïkido à
l’âge de 23 ans. Il s’entraîne tous les jours
avec cette précision toute japonaise. Maintenant, il a 65 ans.
Il est détenteur d’une expérience riche, issue
directement du Fondateur de cet art. Jean-Pierre Kunzi |
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Novembre 2011 Une démonstration
On aurait pu s'attendre à ce que cela commence un peu comme une
pièce de théâtre. On aurait vu d'un
côté des acteurs conscients du public, lui
présentant des mouvements soigneusement
répétés pendant des semaines, et de l'autre des
visiteurs venus assister à un spectacle se déroulant
à une distance convenable. Le tout aurait commencé un peu
en retard pour attendre les derniers arrivés.
L'Aïkido est décidément une discipline surprenante. Cela débute en avance et prend tout à fait la forme d'une pratique habituelle : salut et respect au début puis présentations du senseï et application des élèves à marcher dans ses pas, corrections aussi parfois, mais rares. Et le silence : aucune parole entre les pratiquants, chacun concentré sur son chemin. Les personnes venues assister à la démonstration arrivent peu à peu, et prennent place. Ce qui leur est proposé, c'est un contact direct avec un art martial japonais. Certaines chutes s'arrêtent à quelques centimètres des spectateurs qui se montrent attentifs, concentrés sur ce qui se passe ; d'une certaine façon ils sont happés au c½ur même de la pratique. Ce n'est que plus tard, sans prévenir, que Juerg Steiner senseï donne le signal du début de la présentation. Jean-Pierre Kunzi, responsable du Takemusu dojo, prend la parole et souhaite la bienvenue aux personnes présentes. Il donnera au fur et à mesure quelques explications sur la pratique de l'Aïkido. Les enfants commencent et montrent quelques wazas parmi ceux qu'ils ont appris. Lorsqu'ils arrivent au bout de ce qui leur vient, ils se saluent et retournent à leurs places. C'est leur désir de bien faire qui frappe, leur concentration. L'Aïkido est le dernier venu des arts martiaux japonais. On doit cette discipline à maître Morihei Ueshiba, né en 1883 et mort en 1969. Elle se différencie des autres en ce sens qu'elle ne se donne pas pour but d'anéantir l'adversaire, mais bien plutôt de l'accueillir et de retourner une situation néfaste. Il ne s'agit pas d'entrer en symétrie avec l'agresseur, d'accepter le type de relation qu'il propose, mais de l'empêcher, en toute sécurité, de mener à bien son action nuisible. A tour de rôle, les pratiquants avancés présentent des techniques. Souvent cela ressemble à une danse, mais une danse improvisée. Cette dimension harmonieuse est centrale dans la pratique, car le but n'est pas de vaincre, mais d'apprendre peu à peu à entrer en syntonie avec son environnement. En harmonisant son énergie avec celle de l'univers, on s'accorde au mouvement naturel des choses, des événements. Il devient alors possible de guider son adversaire vers un lieu tranquille. Jean-Pierre Kunzi senseï présente des techniques avec des adversaires multiples armés de sabres et de couteaux. Ses gestes sont précis et rapides, mais non pas précipités, puissants, mais non pas violents. Les projections partent en tous sens, le mouvement est bouillonant. Juerg Steiner senseï présente une démonstration. C'est le point culminant. Les techniques proposées sont très variées, chacune semblant s'imposer sur le moment. Sa tranquillité intérieure est manifeste, son souffle profond, son alacrité rayonnante. Et s'il s'interrompt, ce n'est pas par manque de ressource, mais par désir de ne pas s'imposer plus longtemps. Le public est alors invité à poser des questions. Une personne remarque l'importance de la respiration et demande si elle est l'objet d'un travail particulier. Juerg Steiner senseï répond que le souffle est très important. On aspire l'énergie de l'agresseur pour l'expirer ensuite dans le waza. Une autre relève les différences entre les pratiquants, remarquant que certains sont plus doux et d'autres plus secs. L'Aïkido n'est pas figé, répond le senseï. Chacun pratique à son niveau selon sa personnalité, selon le moment, la saison. Les formes sont variables. Comment encourager les enfants qui ont commencé à poursuivre leur effort, demande une autre. Juerg Steiner senseï répond qu'il faut que le cours soit joyeux, que les enfants doivent pouvoir s'ébattre, jouer. Il dit aussi qu'il est important que le maître soit sévère, qu'il indique clairement la direction du travail et qu'il guide les enfants dans la bonne direction. Une dernière question porte sur l'efficacité de l'Aïkido hors des tatamis. Le senseï répond qu'un aïkidoka expérimenté devrait sentir venir l'agression avant qu'elle ne se manifeste et devrait l'éviter. S'entraîner, c'est apprendre à ne pas combattre. Un combat est toujours dangereux et risqué. Il faut apprendre à se mettre en sécurité. Toutefois, si on en arrive là, les techniques sont efficaces. Les visiteurs sont ensuite invités à venir essayer quelques techniques sur les tatamis. Ces contacts proches se prolongent en conversation. Certaines questions trouvent des réponses en gestes, plutôt qu'en mots. Les pratiquants sortent de l'espace des tatamis pour boire un verre en compagnie des visiteurs. Une énergie harmonieuse, chaleureuse, se répand entre les personnes présentes et réunit pratiquants et visiteurs. Les enfants jouent au loup, rient, galopent entre les adultes. Vie joyeuse, et mouvante.
Adrien Jacot-Des-Combes
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