La juste direction


Novembre 2024

Michio Hikitsuchi Sensei, 10e dan disait : « La voie de l’Aïkido est étroite comme le tranchant de la lame du sabre. Si vous vous écartez d’elle, ne serait-ce que de l’épaisseur d’un cheveu, vous êtes complètement à côté. »

Certains pratiquants s’appliquent à accumuler des connaissances : ils s’efforcent d’apprendre les noms des wasas, les termes japonais usuellement employés, ils lisent des livres sur l’Aïkido, ils inscrivent dans un carnet minutieusement chacune leurs pratiques. Leur sentiment de maîtrise et de progression augmente avec l’assimilation des connaissances.

La somme des connaissances intellectuelles et de la maîtrise technique devient alors une épaisse et solide carapace qui empêche le mouvement du cheminement en soi. Ces pratiquants avancent à reculons. Ils suivent le rassurant chemin de l’illusion.

Cheminer, en Aïkido, signifie se mettre en mouvement, se perdre, se détacher, perdre la maîtrise, le contrôle, se confronter à soi, à ses manques, à ses faiblesses, à ses ressources inestimées aussi. C’est être pétri jusque dans son âme, c’est se laisser être imprégné par le souffle de l’Aïki. C’est, comme l’explique Taisen Deshimaru dans le Zen, mourir à soi-même pour renaître pleinement. C’est traverser le miroir, sortir de l’illusion. Ainsi et uniquement ainsi opère la voie profonde. Ceci est Takemusu Aïkido.

Quelle prise de risques ! Quelle inconscience ou quel courage !

Jean-Pierre Kunzi